Textes de Colette Abbate
Présentation de l'auteure:
passionnée d’égyptologie, domaine qu'elle étudie en Institut et sur les sites depuis plusieurs années.
Sa passion pour la civilisation égyptienne se retrouve dans son oeuvre littéraire comme dans sa vie.
Ainsi, dans La Puissante, l'intrigue se situe sous le règne d'Aménophis III, il y a plus de trois mille ans. L'auteur s'est appliqué à intégrer au mieux la réalité historique et le vécu du quotidien de l'époque. Lire la chronique sur la puissante
Dans Atoum, Etre ou ne pas être, son second roman, l'héroïne, Céline, est une belle et brillante étudiante en civilisations anciennes qui vit une aventure hors du commun.
Voici deux contes pour enfants :
Taupinette
Il était une fois une belle et douce princesse du nom de Mélanie qui habitait un château dans un lieu magique. C’était le refuge d ’animaux extraordinaires.
La particularité de ces animaux était de parler dans une langue que seule la Princesse Mélanie pouvait comprendre mais aussi répondre.
Un jour, un oiseau aux plumes multicolores se posa sur le balcon de la chambre de la Princesse Mélanie. Son chant interpella la Princesse qui dormait encore dans un magnifique lit à baldaquin.
Encore endormie, elle se frotta les yeux avant de voir le bel oiseau qui chantait :
- Mélanie, notre princesse tant aimée, la forêt a besoin de toi, nous devons statuer sur le sort de Taupinette. Elle a encore fait tant de galeries que la forêt est en danger.
- Arc en ciel, mon bel oiseau, laisse moi m’habiller et nous prendrons le carrosse enchanté pour rejoindre au plus vite la forêt.
D’un coup de baguette magique, la servante de la Princesse Mélanie, qui n’était autre qu’une fée attentionnée, l’habilla de ses plus beaux atours.
Le carrosse volait au dessus des arbres, et Arc en ciel, posé sur la Main de sa Princesse s’amusait de se laisser emporter dans les airs sans battre des ailes.
Le carrosse se posa dans une clairière. Immédiatement, de tous les fourrés, sortirent lapins, belettes, cerfs, biches, faons, daims, chevreuils, renards, même les escargots glissaient sur les feuilles pour entendre leur Princesse. Les oiseaux, perchés sur les plus basses branches des arbres se turent pour ne rien perdre de cette réunion. Les papillons, les coccinelles voletaient d’un champignon à l’autre avant de se poser sur une pierre tout près du carrosse. Les abeilles tournoyaient autour des fleurs à l’écoute de leur Princesse qui allait s’exprimer devant eux.
- Mes amis, Taupinette s’est laissée emporter par sa folle manie de faire des galeries. Ce n’est pas de sa faute, ce n’est qu’une petite taupe qui cherche sa voie. Nous allons lui offrir de grosses lunettes afin qu’elle puisse se glisser dans une galerie qui deviendra sa maison et nous l’aiderons à reboucher toutes les autres galeries pour ne pas que notre forêt ne se transforme en un immense gruyère.
Un bruissement suivi de murmures, de chants et de sons divers répondirent en cœur.
- Taupinette, te voilà responsable d’une galerie et de ne plus creuser d’autres galeries sans que nous en soyons tous informés.
Taupinette s’excusa :
- Je ne vois rien et je cherche toujours mon chemin. Alors je creuse sans cesse et me perds dans mes galeries. Princesse Mélanie va m’apporter de quoi voir enfin mon chemin et je promets de ne plus me laisser aller à faire des trous et des galeries.
- Bien, bien répondirent en cœur tous les animaux de la forêt.
- Mes amis, je vais retourner au château et demander à la fée Binocle de te faire une paire de lunettes.
Le carrosse s’envola et reprit le chemin du retour. Arc en Ciel, retrouva son nid.
Princesse Mélanie fut accueillie par Patou qui lui témoigna toute sa joie de la revoir en éternuant des cœurs à foison. C’était sa manière de s’exprimer et Princesse Mélanie fondait de bonheur. Elle convoqua toutes les fées qui s’activaient au château et s’adressa à la fée Binocle.
- Taupinette a besoin de lunettes.
La fée Binocle brandit sa baquette magique et Abracadabra… une belle paire de lunettes apparut.
Demain Princesse Mélanie les apportera à Taupinette car demain Taupinette pourra se diriger sans peine dans sa galerie et demain, la forêt pourra retrouver son calme et sa sérénité.
Encore un problème que Princesse Mélanie a su régler avec succès et toutes les fées du royaume étaient heureuses.
Le cirque des animaux
C’était le jour des audiences. Princesse Mélanie devait recevoir une délégation assez inattendue.
Assise sur son trône qui n’était autre qu’un magnifique arbre dont le tronc légèrement crevassé permettait d’y glisser un coussin et c’est dans cet arbre millénaire que Princesse Mélanie officiait.
Quelques affaires sans grand intérêt la firent bailler quand un chien avec une harpe et un hérisson doté d’un micro, se penchèrent respectueusement devant sa Majesté.
- Pardonnez notre accoutrement. Je m’appelle Youpi dit le chien et me suis échappé cette nuit d’un cirque qui fait travailler sans relâche des animaux qui ont été capturés dans leur pays d’origine. Je suis leur porte-parole avec Aïe le Hérisson. Ils espèrent tant de vous, Majesté. Depuis des mois, ils subissent l’autorité d’un homme sans scrupule qui les domine sans se soucier de leur bien-être. Ils ont été arrachés à leur famille. Il y a Monsieur Mielourd, Ours brun, qu’on oblige à jouer de la trompette, Monsieur Queue de Pie, gentil pingouin qui frappe sans cesse sur son tambour ainsi que sa femme. Ils ont été séparés de leurs enfants et pleurent leur désespoir. Maître crocodile, dit Vilain croc, qui s’épuise sur sa contrebasse et Grand père phoque qui tape dans des cymbales à se rendre sourd. J’allais oublier notre plus ancien compagnon, l’éléphant à l’hélicon. Je ne vous parle pas de Madame lapine, Madame Chouette, Belle Queue, votre écureuil, capturé la semaine dernière dans votre forêt. C’est lui qui m’a confié que vous comprenez notre langage. Et Aïe l’hérisson qui parle si souvent de vous, votre Majesté, en des termes émouvants qui ont fait que cette nuit, pendant que tous dormaient, j’ai rongé ma laisse et me suis enfui avec ma harpe. Elle est ma seule compagnie. J’ai de la chance de ne pas être en cage.
Aïe, muni de son micro prononça à son tour quelques paroles :
- Taupinette a failli se faire enlever hier, heureusement grâce à ses lunettes, elle a pu rejoindre sa galerie sans souci, laissant pantois le méchant complice de notre geôlier. Il avait ordre de capturer tout animal susceptible de travailler pour lui. Taupinette aurait été glissée dans un canon et envoyée en l’air rien que pour son bon plaisir. Il voulait du nouveau pour attirer plus de monde. Et quoi de plus drôle qu’une taupe volante !
Princesse Mélanie qui les avait écoutés sans les interrompre, leva son sceptre d’or et prononça des mots si mélodieux que Youpi gratta sur ses cordes pour l’accompagner.
- Je ne peux supporter une telle captivité pour nos amis les animaux et cet homme cruel et vil sera puni et nous sauverons tous les prisonniers. Nous ferons en sorte qu’ils puissent retrouver leur pays et leur famille. Je m’y engage.
- Merci, Majesté, dirent-ils en cœur.
- Je suis tant ému par votre bonté, jappa Youpi.
- Que puis-je faire pour vous aider, ajouta Aïe.
- Nous allons ruser. Je vais tout d’abord flatter cet odieux personnage en allant voir la prochaine représentation. Ensuite, c’est lui qui se retrouvera en cage !
- Alors, nous allons retourner au cirque, je ne pense pas qu’ils se soient aperçus de notre escapade. Son complice et lui, dorment tard dans la matinée et nous ne jouons qu’en fin d’après-midi.
- Parfait ! Soyez prudents les amis. A tout à l’heure.
Youpi se courba et reprit sa harpe qu’il glissa sur son dos. Aïe se mit en boule et se coinça entre les cordes.
Patou, l’adorable chien de la Princesse, les raccompagna avec joie en éternuant des cœurs à foison que Youpi et Aïe pressèrent contre eux tel un talisman qui les protégerait.
Les voilà repartis pour la ville. Princesse Mélanie convoqua les fées du château.
Elle leur raconta la triste histoire des animaux prisonniers et malmenés dans le cirque de passage en ville.
- Il faut faire vite avant que le cirque ne reprenne la route. Fée Binocle, tu feras en sorte de troubler la vue de ces deux misérables individus.
Fée Attentionnée, tu protégeras de ton aura tous les animaux captifs que nous allons libérés.
Fée Guerrière, tu brandiras ta baguette, telle une épée pour neutraliser ces deux individus, déjà affaiblis par Fée Binocle.
Fée Justice, tu les enfermeras dans la plus grande cage et tu les expédieras sur un cargo parmi les containers qui voguera au bout du monde et ainsi ils ne seront pas prêts de revenir.
Fée Gourmande, tu recueilleras tous ces petits malheureux et tu leur concocteras leurs mets préférés.
Arrivées au cirque, habillées comme de simples gens, la Princesse Mélanie et ses conseillères les Fées se fondirent dans la foule des spectateurs. Au passage, elles firent de grands sourires au directeur du cirque qui ne put s’empêcher d’être flatté que de si belles femmes puissent trouver un quelconque intérêt pour sa personne.
Le premier numéro fut celui de Madame Lapine. Elle joua de la flûte en tremblant malgré elle car tout près Monsieur crocodile, dit Vilain croc, l’accompagnait au piano en la reluquant tout en découvrant sa terrible dentition. Elle savait qu’un jour elle lui servirait de repas lorsque les recettes seraient mauvaises. Il lui fallait jouer malgré tout. Mister Cat arriva avec son accordéon et reprit joyeusement la mélodie en lui souriant. Peu à peu, tous les animaux se pressèrent sur la piste avec leurs instruments et jouèrent leur morceau sans grande conviction comme des esclaves contraints d’obéir sous peine d’être maltraités. Toutefois, ils ne savaient pas encore que la fin du spectacle serait aussi la fin de leur captivité et que la délivrance était proche.
Dès que les spectateurs se dispersèrent et que la piste fut libre, le directeur du cirque et son aide, après avoir enfermés tous les animaux, rassemblèrent les instruments éparpillés quand dans un grand fracas, la toile du chapiteau s’effondra sur eux. Prisonniers sous un amas de cordage, les deux individus se débattaient en criant. Les si belles dames qui l’avaient charmé possédaient de drôles de baguettes. Celles-ci s’agitaient dans tous les sens. A moitié aveuglé, le directeur du cirque se frottait les yeux pour dissiper ce trouble qui l’empêchait de voir. Il se retrouva sans savoir comment attaché à son complice et une force inconnue les poussa dans une cage miraculeusement apparue. La brume se dissipa. Ils vociféraient des injures quand ils prirent brusquement conscience que ces jolies dames avaient libérés les animaux et qu’ils étaient à leur tour prisonniers. Soudain, la cage s’envola dans le ciel et prit une direction que seules la Princesse Mélanie et ses conseillères les fées connaissaient.
- Bon vent ! lancèrent-elles en brandissant leurs baguettes vers le ciel.
Enfin libres, tous les animaux se réjouissaient à leur manière quand ils reprirent spontanément et sans contrainte leurs instruments. Dans un délire joyeux, ils composèrent une mélodie victorieuse. Celle de la liberté retrouvée.
Encore une fois, la Princesse Mélanie avait résolu un problème mais il restait maintenant celui de ramener tous ses amis chez eux mais ce sera une autre histoire…